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Teréga fait converger les énergies au profit du biométhane

Teréga fait converger les énergies au profit du biométhane

Le développement d’une filière biométhane constitue l’un des socles d’une transition énergétique durable et vertueuse. Elle implique cependant une conjonction d’ambitions, de savoir-faire et de volontés dont les équipes de Teréga sont le catalyseur. Explications et témoignages.

L’émergence d’une filière biométhane en France revêt une importance majeure tant sur le plan environnemental qu’économique. Source d’énergie durable et renouvelable, elle réduit la dépendance aux combustibles fossiles et limite les émissions de gaz à effet de serre. Cette filière présente de nombreuses perspectives économiques pour le monde agricole qui peut ainsi valoriser ses déchets organiques, contribuant à une agriculture durable et vertueuse. Véritable atout de développement territorial, la méthanisation  profite également aux collectivités qui assurent non seulement leur indépendance énergétique, mais contribuent aussi au développement d’une économie circulaire et à la création d'emplois.

Biométhane : Teréga impliquée auprès des porteurs de projet

Le développement d’une unité de méthanisation est un projet complexe. Une complexité qui suppose un accompagnement rigoureux à toutes les étapes d’un projet de raccordement d’une unité de méthanisation. C’est le rôle de Clément Laulhé qui, après 10 années passées à inspecter et entretenir les réseaux de Teréga, occupe la fonction de responsable projets à la Direction Projets d’Infrastructures de Teréga. À ce titre, il intervient auprès des porteurs de projets et a déjà contribué à la mise en production de deux postes d’injection de biométhane : Prometer dans l’Aveyron à Montbazens et AgriEnergie en Gironde à Auros. « L’une de mes missions, c’est de contribuer, à ma mesure, à incarner la vision stratégique de Teréga pour développer la filière biométhane dans les territoires et ainsi accélérer la décarbonation de notre pays », indique Clément Laulhé qui décrit son rôle comme celui d’un facilitateur de projet. Il explique que « développer une infrastructure biométhane, c’est un projet exigeant. Le porteur de projet a besoin d’un accompagnement au long cours, tant sur les aspects techniques que réglementaires. C’est bien ce que nous veillons à lui apporter ». Études de faisabilité, évaluation budgétaire, définition du cahier des charges, recherche de partenaires et prestataires habilités, lancement d’appels d’offre et les équipes de Teréga assurent la gestion du projet de bout-en-bout aux côtés des porteurs de projet.

Une collaboration locale indispensable

Dans les territoires, auprès des collectivités, les syndicats d’énergie jouent un rôle important dans le développement de la filière biométhane. Ces syndicats d’énergie sont des structures historiques qui avaient pour mission initiale de gérer les réseaux électriques pour les communes. Les compétences de ces syndicats ont évolué dans le temps pour s’étendre à l’ensemble des enjeux énergétiques au sein des territoires.

Aujourd’hui chaque département s’appuie sur son propre Syndicat d’énergie. Dans le Lot-et-Garonne, c’est Territoire d'Énergie (TE47) créé en 1953 qui intervient comme un catalyseur des projets biométhane. « Depuis une dizaine d'années, sous l’impulsion des élus et du directeur de TE47, nous nous intéressons au volet des énergies renouvelables : rénovation énergétique des bâtiments communaux, photovoltaïque, bornes de recharge électrique… Notre champ d’action est très large à l’exception de l’éolien que nous n’adressons pas, faute de potentiel sur notre département », explique Rauna Barth, Chargée de développement Biogaz chez Territoire d'Energie Lot-et-Garonne (TE47).

Dans ce département, la question du Biogaz a émergé en 2014 à la suite d’une étude réalisée à l’échelle régionale qui a révélé le potentiel de la production de biogaz sur le territoire. « Une autre étude a confirmé notre potentiel biogaz et révélé qu’il est détenu à 90% par les agriculteurs. Notre orientation a consisté à impulser autant que possible la méthanisation agricole et prendre les mesures nécessaires pour lancer une véritable dynamique territoriale autour de cette filière, qui implique à la fois les agriculteurs, les élus et le grand public. C’est le sens de mon action. J’agis en quelque sorte comme une ambassadrice du biogaz auprès des agriculteurs », confie Rauna Barth.

Un programme à destination des agriculteurs, appelé Co’Meth 47 a ainsi été édifié. Créé en 2018, il encourage le regroupement d’agriculteurs pour faire émerger des projets collectifs de biométhanisation. À fin 2023, 6 projets ont été accompagnés dont un est opérationnel depuis septembre et un second depuis janvier 2024. TE47 agit comme le coordinateur technique de ces collectifs de méthanisation agricole en aidant à constituer les groupes d’agriculteurs et en finançant certaines études de faisabilité techniques et économiques du projet. « Notre collaboration avec Teréga est placée sous le signe de la proximité. Si TE47 est en quelque sorte le catalyseur des projets des groupements d’agriculteurs, Teréga est le catalyseur du catalyseur qui apporte un soutien technique et un accompagnement quotidien qui facilitent considérablement la production et l'injection du biométhane dans ses réseaux, sur une zone donnée. L’engagement de Teréga en faveur du développement du biogaz est indispensable pour faire avancer activement les projets car nous avons tous le même intérêt : encourager le développement de cette énergie renouvelable ».

Cette conviction est partagée par Eric Goumondie, Chargé des relations institutionnelles régionales pour Teréga. « La politique de transition énergétique de Teréga ne peut se faire qu’en collaboration et en concertation avec les territoires. Teréga s’implique aux côtés des collectivités pour révéler et mettre en valeur tout leur potentiel de production de gaz renouvelables. » Pour le seul département du Lot-et-Garonne, il est établi que le gisement local est suffisant pour implanter 50 méthaniseurs.

Aujourd’hui, 6 sont en cours de développement. « Nous sommes au début de l’histoire dans le grand Sud-Ouest, souligne Eric Goumondie, la méthanisation est une technologie mature avec des écosystèmes à développer. La production de biométhane est appelée à doubler d’ici 2030 en France. La majeure partie des écosystèmes sont à bâtir, mais cela ne peut pas se faire sans les collectivités, notamment pour en faciliter l’acceptabilité sociétale au travers des externalités positives».

Porteurs de projet : relever le défi de l’acceptabilité…

Cette réalité de la difficulté à faire émerger un projet, Yannick Duffau, agriculteur, maire de la commune de Brannens depuis 2020 et président de la SAS AgriEnergie à Auros (33), l’a vécue de l’intérieur. « On n’est pas élu pour être élu. Il faut agir, résoudre les problèmes qui se posent et identifier les meilleures solutions. L’élu a pour mission d’avancer et de développer son territoire. C’est ce que j’ai essayé d’accomplir en développant une unité de méthanisation afin de pérenniser au maximum les exploitations agricoles locales. Celles-ci se transmettent de génération en génération et je ne peux pas me résigner à les voir progressivement s’éteindre et disparaître. La méthanisation m’est apparue comme une opportunité à saisir sur le plan économique bien sûr, mais aussi pour rapprocher les agriculteurs et les fédérer autour d’un projet commun ».

En 2015, le SIPHEM a fait réaliser une étude de faisabilité du potentiel méthanogène qui révélait la possibilité de développer 4 à 6 méthaniseurs. Très engagé localement, Yannick Duffau s’est rapidement porté candidat pour devenir porteur de projet. Le 13 décembre 2016, il réunit 14 agriculteurs du territoire autour de la SIPHEM pour comprendre ce qu’était la méthanisation. « En avril 2017, nous avons d’abord lancé le projet sous le statut d’association (pour des raisons de commodités), et avons diligenté une étude de faisabilité financée en partie par le département de la Gironde, la région Nouvelle-Aquitaine, etc. ». Il a fallu ensuite trouver un terrain pour implanter l’unité de méthanisation tout en cherchant à remporter l’adhésion des populations ainsi que des agriculteurs. « Une fois ce terrain identifié, nous avons changé de statut en créant la SAS Agri-énergies. L’aventure était cette fois bel et bien lancée en avril 2019 ». Désormais établie sur la commune d’Auros en Gironde, AgriEnergie rassemble 9 agriculteurs qui ont trouvé des voies de diversification de leurs activités. Elle dispose d’une capacité d’injection de 120 Nm³ CH₄/h. 

Ce projet a été soutenu par de nombreux acteurs : Teréga, le SIPHEM, le SICTOM Sud Gironde (syndicat de collecte d’ordure ménagère), le Département de la Gironde, des industriels: Langon distribution (Leclerc), Sainfruit et la Distillerie de Saint Martin de Sescas mais aussi l’ADAR de Mazères (Association de Développement Agricole et Rural), et trois communautés de communes : du Réolais en Sud Gironde, du Sud Gironde, du Bazadais. Des agriculteurs, une collectivité, des industriels, mais aussi des citoyens (1100 au total) ont pu également investir à hauteur de 500 000 € via une plateforme participative. « Notre idée consistait à impliquer l’ensemble de la chaîne de valeur autour d’un même objectif : faire avancer la filière biométhane locale », confie Yannick Duffau qui conclut : « La collaboration avec Teréga a été précieuse, notamment pour son soutien sur le volet du raccordement de notre unité de méthanisation. Conseils pratiques, techniques, stratégiques, sans cet accompagnement, tout aurait été plus difficile. Ce que je retiens de ce projet, c’est la richesse de relations que nous avons pu créer et entretenir avec l’ensemble des parties prenantes au projet, notamment avec Teréga. Ensemble, nous avons agi et ensemble, nous avons énormément appris. »